24H avec Serenji chez… Les Achuar
Vol au dessus de la jungle
Avant de partir en direction du petit aéroport où notre avionnette nous attend, nous passons par le marché centrale prendre le petit déjeuner : un délicieux café avec des empanadas. C’est l’occasion pour notre guide de nous rappeler quelques principes importants à respecter lors de notre voyage chez les Achuar. L’équipe achète les dernières nécessités : de l’eau que nous emmènerons avec nous pour nos 5 jours d’expédition, et quelques biscuits.
Arrivés à l’aéroport, le pilote prépare son Cessna. Il pèse les passagers et les sacs pour répartir le poids convenablement dans l’habitacle. Nous croisons un membre engagé de la communauté Achuar qui travaille en ville. Il nous explique les difficultés rencontrées pour mener à bien les projets de développement. Il nous confie son enfant qui fera le trajet avec nous jusqu’à la première communauté.
Le pilote attend les conditions les plus optimales pour décoller. Lorsqu’il nous fait signe, nous devons embarquer rapidement. L’hélice est lancée, nous nous engageons sur la piste jusqu’à prendre notre envol. Nous survolons une immense étendue de jungle dense et verdoyante, et nous avons du mal à y croire…juste au-dessous de nous s’étend l’Amazonie. Au bout d’à peine une heure, le petit avion amorce déjà sa descente vers la petite piste de terre au cœur de la forêt.
Première rencontre avec les Achuar
Par le hublot nous voyons déjà quelques curieux sortir des petites huttes et de la forêt. Plusieurs membres de la communauté viennent nous accueillir et nous emmène vers le premier village où nous passerons la nuit. Nous chaussons nos bottes en caoutchouc, et partons pour deux heures de marche dans la jungle.
La première demi-heure est déroutante: le chemin est très boueux ce qui rend la marche lente et laborieuse, le bruit des insectes et des oiseaux rend l’atmosphère angoissante, il faut parfois traverser des petits cours d’eau en équilibre sur un tronc d’arbre… puis, petit à petit notre esprit s’apaise et libère cette peur de l’inconnu, s’ouvrant ainsi au nouvel environnement qui sera le nôtre pendant les prochains jours. Nos accompagnateurs, eux, ont l’air paisible et confiant depuis le début. Et voilà que nous nous prenons maintenant pour des aventuriers, nos pas sont plus sûrs, les petites bêtes ne nous font plus peur : la jungle ne semble pas si hostile finalement, comparé au métro de Paris…
Accueil en fanfare par les Achuar
Nous arrivons enfin au premier village où nous sommes manifestement attendus. Pour l’occasion, les Achuar ont installé de quoi nous accueillir en musique! Le village entier (environ 50 personnes) est convié pour venir nous rencontrer. Les femmes ont préparé pour l’occasion leur traditionnelle chicha. Nous nous asseyons sur un banc sous le grand abris qui sert de salle commune pour les rassemblements. Une femme Achuar s’approche de moi et me tend un bol de chicha pour que j’en prenne une gorgée. Je lui souris pour la remercier, mais elle évite mon regard…elle semble un peu mal-à-l’aise, et doit se demander qui nous sommes.
D’autres femmes défilent devant nous avec leur propre chicha et s’assurent que nous soyons bien abreuvés. La première femme revient. Cette fois-ci, je m’efforce de la remercier dans sa langue : “War..warasm..wararsamje…wararsajme!” Elle m’aide à le prononcer correctement. Son regard d’abord méfiant scintille alors d’espièglerie. Un sourire se dessine, puis un petit rire contagieux que nous partageons à l’unissons.
Ce n’est que le début d’une longue liste de nouvelles choses que les Achuar vont nous apprendre… La journée se poursuit avec le déjeuner. On installe les nappes faites d’immenses feuilles de bananiers, on apporte des bols faits en terre cuite par les femmes du village, on dépose les légumes au centre de la table sur les feuilles : pommes de terre, bananes plantain, manioc. On remplit les bols d’un bouillon au choix : perroquet ou guatusa (sorte de petit rongeur).
Pour s’hydrater, nous avons le droit à une délicieuse noix de coco fraîche. Tout ce que nous voyons provient directement de la jungle, la nourriture est fraîche, issue de la cueillette et de la chasse. Les hommes importants de la communauté partagent notre repas, l’occasion d’en apprendre un peu plus sur leur coutumes.
Cérémonie chamanique
Un peu plus tard dans la journée, nous assistons à une cérémonie chamanique opérée par le chef du village. Un couple d’un village voisin est venu le solliciter car leur bébé ne mange plus depuis plusieurs jours, ils sont très inquiets. Si le mal est grave, le shaman prendra l’ayahuasca pour entrer dans le monde des esprits et comprendre l’origine de ce mal, pour pouvoir ensuite le guérir.
Cette fois-ci, le bébé n’est pas en danger. Il a simplement attiré le mauvais œil, tout devrait rentrer dans l’ordre rapidement, après une petite séance de purification. L’ayahuasca ne sera pas nécessaire. A notre grande surprise, au bout de quelques minutes, le bébé se remet à téter le sein de sa mère…qu’il ne lâchera pas de la soirée…victoire!
Nous sommes ensuite cordialement invités à danser, car le lendemain matin, nous partirons déjà pour un autre village. D’abord, nous observons les couples danser face à face, se balançant d’un pied sur l’autre, sans se regarder, sans se toucher. Un homme s’approche de nous, il vient offrir sa femme comme partenaire de danse à mon collègue…impossible de refuser! Il me tend ensuite la main pour que nous rejoignions la piste de danse ensemble.
La situation semble faire beaucoup rire les enfants Achuar. Nous nous efforçons de danser le mieux possible avec les membres de la communauté qui nous invitent les uns après les autres… Après plus d’une heure, nous trinquons tous ensemble à cette rencontre, et partons rejoindre la petite hutte dans laquelle nous dormons.
Première nuit chez les Achuar
Les petites planches de bois sont plus confortables que prévu, nous nous endormons bercés par les sons de jungle… Le lendemain, avant le lever du jour, des chants d’une extrême beauté viennent à nos oreilles. Nous sortons de notre case et cherchons dans l’obscurité leur origine pour découvrir qu’ils proviennent de la petite église en bois. Les Achuar célèbrent la messe chaque dimanche à 4 heure du matin.
Quelques heures plus tard à peine, le soleil se lève, et nous nous préparons à rendre visite à une communauté voisine. Notre voyage chez les Achuar ne fait que commencer. D’autres belles expériences nous y attendent, et toujours la chicha pour nous accueillir!
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