Légendes du volcan Chimborazo, dans les Andes Equatoriennes
Le volcan Chimborazo, héros des légendes ancestrales
Dans la région centrale d’Equateur bien avant l’arrivée des Incas, existait une civilisation connue sous le nom de Puruwa. Ce peuple vénérait des divinités vivantes comme le soleil, la lune ou les animaux, mais aussi leurs montagnes.
Les principales montagnes vénérées par les Puruwas étaient le Chimborazo et le Tungurahua. La mythologie raconte que le premier était une divinité masculine, et le deuxième une divinité féminine. La nuit, lorsqu’un rayon de lumière traversait les deux collines, les Puruwas disaient qu’entre le dieu Chimborazo et la déesse Tungurahua quelque chose était en train de se briser.
Parmi les autres croyances des Puruwas, l’une d’elles était de se considérer comme les fils du Chimborazo, persuadés que cette montagne avait engendré leurs premiers géniteurs.
Bien d’autres légendes du volcan Chimborazo sont encore racontées aujourd’hui dans la région, en voici quelques-unes…
Les enfants du Chimborazo
La légende raconte que de l’autre côté du volcan Chimborazo, vit un grand monsieur barbu d’apparence sympathique, qui sort les jours de froid et de brouillard en quête de femmes travaillant dans les pâtures.
Il apparaît à l’improviste et emporte les femmes de force jusque chez lui, dans une très jolie grotte où il prend bien soin d’elles. Il passe la nuit avec elles, puis les libère le troisième jour.
Au bout de neuf lunes, des enfants naissent, très blancs de peau, aux cheveux d’argent et aux yeux rouges.
Les habitants de la région disent que les enfants du Chimborazo ne voient pas bien car la première chose qu’ils virent juste après leur naissance fut leur père très grand et très puissant : le Chimborazo enneigé.
Cette légende du volcan Chimborazo est une manière d’expliquer l’origine mystérieuse des albinos qui vivent dans les Andes. C’est aussi pour cela qu’il est recommandé de ne pas passer la nuit sur les flancs du Chimborazo lorsqu’on est une femme, au risque de se retrouver enceinte du volcan.
L’histoire de la montagne Altar
Autrefois, le Chimborazo avait les cheveux très clairs, les yeux blancs, le visage coloré, et un grand poncho bleu. Il y avait non loin de là une autre colline masculine, l’Altar, et deux collines féminines : Mama Tungurahua et Mama Isabela (le Sangay).
Chacun possédait leur femme : la femme du Chimborazo était Tungurahua et celle de l’Altar était Isabela. Cependant, le Chimborazo avait une relation amoureuse avec Isabela, sans que l’Altar le sache. Ce dernier avait quant à lui une relation secrète avec Tungurahua. Le Chimborazo, grand et riche, déclara un jour posséder les deux femmes, et commença à se battre contre l’Altar.
Pendant leur rixe, le Chimborazo attrapa l’Altar par les oreilles et le souleva très haut avant de le laisser tomber. C’est pourquoi l’Altar est aujourd’hui brisé de cette manière, laissant voir ses grandes oreilles. Le Chimborazo s’en alla avec la femme de l’Altar et le laissa seul.
Les sanglots des montagnes
La plus belle de toutes les montagnes s’appelait Chimborazo, et dans les landes froides près de là, se trouvait le Carihuayrazo enneigé. Chaque matin au lever du soleil, les deux montagnes brillaient d’une étonnante blancheur, et se regardaient avec un amour infini. Mais le plus souvent, les nuages envieux les cachaient de leur manteau épais pour les empêcher de se voir.
Les journées passaient ainsi jusqu’au crépuscule, et leur chagrin était si profond que sans le vouloir, des larmes tombaient goutte à goutte. Elles se mettaient à rouler sur leurs flancs, se transformant en petits ruisseaux tout fin qui peu à peu grossissaient, formant des rivières et des petites cascades, jusqu’à devenir des fleuves pour se perdre dans l’immensité de la mer.
Un jour, la montagne Chimborazo se réveilla vêtue de sa plus éclatante robe blanche. Le Chuzalongo, esprit de la montagne, l’avait exhorté pendant la nuit à se préparer pour la fête nuptiale. Ainsi arriva le mariage par un bel après-midi, et les deux montagnes s’épousèrent.
De cette union naquit une belle petite fille en forme de lagune, claire et limpide, puis une autre, et encore une autre, toutes protégées par les bras de leurs parents, au plus proche de leur mère, là où les immenses montagnes pourront rassembler leurs larmes.
Dans cette légende, le Chimborazo est une femme et le Carihuayrazo est son époux. Ceci est très étrange car les Puruwas considéraient le Chimborazo comme une figure masculine, le père des Puruwas, qui est en général aussi le père du Carihuayrazo.
La rivalité entre le Chimborazo et le Tulabuk
Autrefois dans la région centrale de la plaine de Tapi, il y avait deux frères : le Chimborazo que tout le monde connait et le Tulabuk, un mont au sud-est de la ville de Riobamba.
Ces deux frères se disputaient la garde de la plaine. Le premier parce qu’il était « à la tête » (au Nord), et le deuxième parce qu’il était situé au centre de la plaine. Un jour, envahit par la vanité, le Chimborazo grandit de 100 mètres. Le Tulabuk grandit alors de 150 mètres. Le jour d’après le Chimborazo grandit de 500 mètres, et le Tulabuk, lui, de 600 mètres.
Les jours passèrent ainsi, les semaines, les mois, jusqu’à ce que Dieu leur demande de calmer leurs ambitions. Le Chimborazo se resigna, mais le Tulabuk continua dans l’espoir de devenir le sommet le plus haut. Dieu se mit alors en colère et envoya un de ses archanges pour punir cet acte de désobéissance. L’envoyé de Dieu écrasa fortement du pied la cime du Tulabuk, qui s’écroula immédiatement. C’est ainsi qu’un énorme trou se forma, laissant un cratère de deux hectares de superficie. C’est aujourd’hui une des curiosités touristiques de la région de Chimborazo.
On raconte que le Tulabuk continue de hurler à cause de son échec, d’après les bruits d’ébullition que l’on peut entendre venant de l’intérieur.
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